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N°77 : PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL - LA COURSE LANDAISE

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Aujourd’hui se déroule le Championnat de France de course landaise dans les arènes de Mont-de-Marsan. Le 15 juin dernier, organisée par les amis de la course landaise, se tenait dans les arènes de Morcenx une course comptant pour le Boléro d’argent avec la participation de trois élèves de l’école fédérale taurine.


L’occasion est ainsi donnée de rappeler à tout un chacun en quoi consiste la course landaise, et pourquoi il est utile de maintenir cette tradition.


Tout d’abord, la course landaise est un sport traditionnel gascon pratiqué notamment dans les landes à l’occasion des fêtes locales. Il est reconnu par le ministère des sports, et géré par la Fédération Française de la course landaise.


En 2020, la course landaise est devenue une pratique sportive inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français, mais c’est aussi une tradition tauromachique appartenant au patrimoine immatériel gascon.


Les termes employés lors de la course landaise sont ceux de la corrida, sauf qu’il n’y a là aucune mise à mort, ni aucune pique portée à l’animal. Dans les épreuves sportives, la vachette est simplement guidée par une corde à laquelle elle est  attachée par les cornes, et dirigée par un cordier ou courdayre pour être placée correctement, mais c’est l’unique contrainte corporelle qu’elle aura durant sa présence dans les arènes.


Ce sport est l‘apanage des cuadrillas composées d’écarteurs et de sauteurs. Les écarteurs attendent la vache au sortir du toril pour l’esquiver au dernier moment, tandis que les sauteurs, qui sont souvent des gymnastes accomplis, mettent les pieds dans un béret et exécutent un saut au-dessus de la vache dont la course doit être rectiligne. On dit que c’est « le saut les pieds dans le béret » ou « le saut de l’ange » lorsque celui-ci est un saut les bras écartés tout en plongeant au dessus de la coursière.


Les écarteurs sont aussi présents lors des jeux des arènes pour attraper la cocarde placée entre leurs cornes bouchonnées. Celui qui décroche cette cocarde gagne souvent un prix ou une somme d’argent que les commerçants ou les personnalités de la ville mettent en jeu pour corser les choses.


C’est cette vachette qui avoisine les 160 à 200 kg que l’on nomme coursière, ou coursayre, en patois landais. Bête bien racée, sportive, et élancée, elle est la femelle des taureaux de corridas. Ces vachettes étaient à l’origine des vaches marines qui vivaient à l’état sauvage en bordure de l’océan ou des Lacs. Il y en avait par exemple il y a une cinquantaine d'années sur les rives du lac de Sanguinet. Elles ont été domestiquées et ramenées dans des élevages, appelés ganaderias.


Parmi les plus célèbres ganadérias des Landes, on compte celles de Buros, de Dargelos et de Labat et Noguès. Mais ce sont environ quinze éleveurs ou ganaderos qui élèvent en semi liberté 1500 vaches, dont plus de la moitié sont nées dans les Landes.


Les élevages présentent leur cheptel dans les arènes pour les courses landaises au cours desquelles les cuadrillas effectuent des figures de haute-voltige en se jetant par dessus l’animal en pleine charge. L’esquive, la souplesse, la témérité et la hardiesse sont des qualités qui animent tant la cuadrilla que la vache, qui au cours de l’été sera arrivée à connaître tout de l’homme qui la défie.


D’ailleurs, beaucoup de vachettes très rusées n’hésitent pas à sauter par dessus les tenanquères pour poursuivre leur adversaire dans le callejon.


Il existe quatre sortes de courses landaises : la course formelle, les concours landais, la course mixte, et les intervaches, mais il y a aussi de grands rendez-vous annuels avec des compétitions par challenge, des compétitions individuelles ou par  équipes, avec bien sûr un jury et la notation du bétail.


Ce loisir génère une grosse activité économique que ce soit pour les élevages, pour les organisateurs, comme pour tous les membres des cuadrillas, mais aussi pour le public qui apprécie ces rencontres dans les arènes, toujours animées par les bandas locales, dont le répertoire est essentiellement espagnol, ou basco-espagnol.


C’est à cette occasion que s’exprime les traditions, le folklore local, avec ses danses et ses chants. La musique accompagne et rythme tous les moments du spectacle. La Marche Cazérienne écrite pour les écarteurs les accompagne du paseo à la fin de la course. A Morcenx, c’est l’harmonie la Cigale qui traditionnellement anime ce spectacle avec un débisaïre qui commente les exploits tauromachiques.


La chapelle de Notre-Dame-de-la-course landaise à Bascons est un sanctuaire et lieu de pèlerinage de la course landaise  avec en face le monument aux morts de la course landaise et, à côté d’elle, le musée de la course landaise voué à la conservation et à la mise en valeur de documents et objets relatifs à ce jeu gascon.


Beaucoup s’insurge contre cette pratique qu’ils qualifient de maltraitance animale.

Or, force est de constater que ce n’est pas le cas, que les vaches prennent goût  aux jeux des arènes, et que finalement ces vachettes l’été, souvent célèbres et appelées par leur petit nom, regagnent leurs pâturages et leurs habitudes de la campagne en se souvenant de toutes les ruses qu’elles déploieront l’année suivante.


Alors, il est nécessaire de rappeler qu’il faut préserver cette coutume de la course landaise pour maintenir et préserver la race des coursières, pour transmettre la culture landaise à d’autres, pour permettre aux sportifs et aux gymnastes de faire la démonstration de leur art dans l’arène, pour conserver l’apparat des arènes et la beauté des costumes des toreros, pour s’amuser dans les galas comics-taurins, et pour s’enthousiasmer face aux airs joués par les harmonies ou les bandas. Enfin tout cela donne du travail à tout le monde, et c’est ce que l’on souhaite.

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