N°65 : LE RAMPEAU EN VOIE DE DISPARITION ?
- La Nouvelle Morcenx
- 13 juil.
- 3 min de lecture

Lorsqu’on évoque les pratiques du sport local à Morcenx, force est de faire référence au rugby, au football voire à la pétanque…mais c’est oublier bien vite que le sport traditionnel et typique de la région demeure le rampeau. Ce jeu de quilles est encore pratiqué par quelques initiés, garants de la tradition, et l’on met encore à l’honneur cette pratique à l’occasion des fêtes locales.
A Morcenx, une association créée en mars 1995 valorise ce jeu d’adresse à quilles dont le nombre détermine le lieu de pratique (3 en Lot-et-Garonne, dans les Landes de Gascogne ou le Périgord, 6 ou 8 en Aveyrin, 9 en Béarn, Bigorre).
Ce jeu, pratiqué aussi bien par les adultes que les enfants, trouve ses origines dans les fêtes populaires de villages. Les commentateurs anciens racontent que parfois, il y eut des troubles à l’ordre public suscitant de la part des autorités des réglementations sévères voire des interdictions. On peut aussi lire que « le terrain était délimité et revêtu selon les cas de terre battue, parfois de terre glaise recouverte de sable ou de copeaux. La piste, dite « plantier », était fréquemment bordée de planches pour contenir la course de la boule, et mesurait 3 à 4 mètres de large, pour 20 mètres de long. Pour gagner, il fallait renverser les quilles d'un seul coup, et laisser l'une d'entre elles debout. Les quilles étaient généralement taillées dans du bois d’aulne et mesuraient 60 cm de haut. Les boules faisaient une dizaine de centimètres de diamètre ».
Citons le photographe Félix Arnaudin qui décrit le rampeau : « Rampelayre, du verbe rampela, lui-même tiré de rampèou, qui est le français rampeau gasconisé avec une déviation de sens. On appelle rampèou le jeu de quilles très populaire dans une grande partie des Landes, et aussi par extension, le butoir où le jeu se joue. Il y a soixante ans (vers 1850-1860), la confection d'un rampeau ne comportait ni grands frais ni grands soins : trois vieux pins, quatre au besoin, on n'y regardait pas de près alors, pris parmi les plus gros et les plus droits de la sègue voisine, équarris tant bien que mal à la hache, puis sciés à la longueur des deux faces et simplement posés l'un sur l'autre, faisaient toute l'affaire ; il y en avait pour longtemps, l'ensemble se maintient solidement assujetti par son propre poids. On joue surtout au rampeau par les après-midi des dimanches d'été (il chôme en général pendant la saison froide), les parties toujours bruyamment disputées se prolongeaient souvent jusqu'à ce que l'obscurité vienne les interrompre : encore arrive-t-il qu'elles se poursuivent dans la nuit à la lueur d'un fragment de pin ou d'une chandelle de résine. Il n'était pas rare autrefois, dit-on, de voir d'enragés joueurs s'y acharner, l'excitation du vin aidant (c'est du vin que l'on jouait toujours), deux, trois, quatre jours durant, sinon même de pinte en pinte et de revanche en revanche, la semaine tout du long ».
A présent il est bien difficile de trouver des terrains de rampeau en activité. En 2020, le Maire Pierre Darmanté d’Arjuzanx décida de rénover un terrain de rampeau (en service entre 1985 et 1994) sous les pins considérant nécessaire de faire perdurer ce patrimoine. Malheureusement, l’actuelle municipalité a décidé de le détruire pour réaliser un parking. Pour l’anecdote, ce terrain est toujours officiellement enregistré dans le cadre des équipements sportifs sous le numéro E001l400090002 !
Peut-on dire pour autant que LNM réhabilitera le rampeau ? Eh bé que oui Diou biban !




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