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N°51 : L'HISTOIRE D'UNE CARTE POSTALE DES CIGALOUNS


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Nous avons reçu une carte postale originale, provenant d’une famille de Morcenx qui organise le déménagement de sa maison. La famille possède une boite à chaussures dans laquelle plus de 200 cartes en noir et blanc évoquent des paysages ou des moments de la vie locale.


Sur la carte offerte, on peut apercevoir des échassiers, danseurs et musiciens devant une « landaise ». Au dos, la légende confirme l’évocation d’un paysage landais traditionnel. La carte porte le n°20 « Danses Landaises par le groupe Lous Cigalouns de Morcenx ». Le cliché est signé d’Emile Vignes (1896-1983). Né dans les Landes, au cœur du Marensin, le photographe, récemment mis à l’honneur au cours d’une conférence de Xavier Demester pour les Amis du Brassenx, fut résinier puis épicier avant d’être le photographe passionné et reconnu des Landes, auteur notamment d’une importante collection de cartes postales. Il a su fixer par ses images, toujours en noir et blanc, la singularité quotidienne ou pittoresque, et bientôt touristique, de son pays natal et du littoral aquitain. Le cliché qui nous intéresse n’est pas daté. Le photographe a débuté la réalisation de ses clichés pendant la première guerre mondiale puis la réalisation de cartes postales à partir de 1925. Le groupe Lous Cigalouns mentionné sur le document porte ce nom à partir de janvier 1946. On peut donc en déduire que le document en notre possession a été réalisé à la fin des années 40 ou le début des années 50.

Par ailleurs, toujours au dos de la carte, quelques rimes sont imprimées d’un poème de Jean-André Jeannin extrait de l’ouvrage « Songes sur la Lande » préfacé et illustré par le photographe. Dans une interview sonore, Emile Vignes précise : « Vers 1925, j’ai eu l’idée de faire une carte postale ; à cette époque-là on n’en faisait pas de belles… Alors je me suis lancé dans la carte postale de paysages. …Quand je les ai reçues, je les ai mises en vente. Ça a très bien marché. Et j’ai continué. J’ai choisi beaucoup plus de clichés. Je suis allé en prendre de nouveaux et j’ai fait faire des éditions de cartes postales à mon nom, en ajoutant au verso des vers de poètes landais (Jean Jeannin, Maurice Martin, etc.). Une fois par an, je partais les vendre. Je passais chez tous les détaillants des Landes. Dans certaines communes, il y avait des commerçants qui voulaient avoir une collection de vues de la localité ». Il vend également ses cartes dans son épicerie tenue jusqu’en 1957 à Castets.


Passionné et connaissant un franc succès populaire, le photographe s’est aussi exprimé sur son amitié avec un autre célèbre photographe spécialiste de la vie en terre gasconne, Ferdinand Bernède : « Je connaissais le travail de Bernède qui était un de mes amis. Il avait appris la retouche à Paris et habitait Arjuzanx. Il faisait des scènes folkloriques (tuaille du cochon, mariage…) et quelques portraits chez lui. Il m’a d’ailleurs donné ses plus belles plaques…».


Notre carte postale jaunie a été acquise à Morcenx et n’a jamais été envoyée. Elle ressurgit aujourd’hui pour le plus grand plaisir des amateurs de la préservation du patrimoine landais.

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