N°34 : ÉGLISE SAINT-VINCENT DE PAUL DE MORCENX
- La Nouvelle Morcenx
- 24 nov. 2024
- 3 min de lecture

Partie 2 : les traits d’une église républicaine
Jacques, le guide bienveillant du patrimoine local, nous ouvre les portes de l’église Saint-Vincent de Paul de Morcenx. Première surprise, le fond, derrière l’autel, est plat. Il n’y a pas d’abside. Une belle rosace (qui habituellement se situe au-dessus de la porte d’entrée) occupe le centre du mur avec la reproduction de Saint-Vincent de Paul. Cette rose primitive s'apparente à l'art roman italien. L’église est très lumineuse en ce début d’après-midi automnal. Les murs bleus ciel traduisent une ambiance de légèreté. Toutes les statues sont blanches et placées sobrement afin de ne pas monopoliser l’attention du visiteur ou du fidèle. Elles participent au décor du lieu mais semblent accessoires tout comme le chemin de croix très modeste, dont les 12 tableaux miniatures sont accrochés sur des piliers centraux distants de quelques mètres chacun. L’oeil est appelé par la charpente apparente. L’architecte Labbé, s’inspirant de l’église Saint-Marie de la Bastide à Bordeaux reproduit la façon très originale de recouvrir la nef : pas de fausse voûte mais un lambris décoré qui laisse apparents les principaux composants de la charpente jusqu'aux entraits. Cette charpente s’apparente à la carène d’un bateau renversé.
Le plan de l’édifice est dit « allongé ». Il y a une nef qui accueille les fidèles, un choeur (séparé d’une petite marche) ou « sanctuaire » au fond. C’est un édifice basilical dans la mesure où des piliers divisent l’espace intérieur. La nef est composée de deux collatéraux de six travées chacun. A chaque extrémité nous pouvons apercevoir une chapelle ouverte consacrée à gauche à Marie, à droite à Joseph. Dans les parties hautes du vaisseau central, des fenêtres font entrer la lumière par des verres semi-transparents. Ces ouvertures permettent de ne pas encombrer le plafond de lustres et sont complétées par un éclairage indirect de lampes leds placées judicieusement sur les piliers intérieurs. Dans la partie basse, nous pouvons admirer des vitraux très colorés qui représentent des scènes épurées de la vie de Jésus et de Saints sans qu’il y ait de fil conducteur entre les différentes scènes. L’intérieur de l’édifice abrite un mobilier et une décoration postérieurs à la construction de l’église à la fin du XIXe siècle. Les vitraux de style art-nouveau sont installés tardivement en deux campagnes, la première vers 1920 et la seconde en 1984.
En s’approchant de l’autel, tout en marbre et proposant la reproduction de cinq apôtres, nous pouvons apercevoir deux blasons flanqués chacun au-dessus de l’entrée d’une sacristie. L’un, à gauche, appartient au Pape Léon XIII (1878 à 1903), l’autre à droite est celui de Victor Delannoy qui fut Evêque d’Aire de 1876 à sa mort en 1905 dont le tombeau se trouve dans la basilique de Buglose. Des expressions latines accompagnent ces armoiries : « La lumière au ciel » pour le premier et « C’est notre espoir » pour le second. Sur l’une des poutres de la charpente, un marquage précise « Venez et adorez ». Sur le calice situé au centre de l’autel nous retrouvons l’illustration de la pomme de pin, présente sur de nombreux supports.
Jacques propose que nous regardions vers la sortie. Il y a cinq portes dont deux latérales. Celles du fond comprennent une porte centrale et deux annexes. Les recherches historiques ne permettent pas d’établir les raisons (si ce n’est pour la commodité) de construire plusieurs portes les unes à côté des autres. Au dessus, nous pouvons voir un bel orgue qui date des années 60 dont portes et les tubes ont été récemment restaurés car des oiseaux y nichaient à l’intérieur. Un harmonium, vestige du temps, est entreposé dans un coin de l’église. La couleur bleue des murs tranche avec la peinture en trompe l’oeil qui a longtemps été le décor du monument. Nous profitons du moment. Nous sommes les seuls dans ce vaisseau amiral de Morcenx. Contrairement à d’autres églises, celle-ci, très lumineuse, épurée, promet un recueillement apaisé. Une centaine d’églises en France ont apposé sur leur façade la devise républicaine : « Liberté, Egalité, Fraternité » depuis 1848. Ce n’est pas le cas à Morcenx mais par sa simplicité, son implantation, son indéfectible entretien par la collectivité et la présence d’une statue de Saint-Joseph, patron des travailleurs… la ville possède en quelque sorte… son église républicaine.
Il est à noter que depuis le vendredi 15 novembre 2024, les habitants du pays morcenais peuvent de nouveau entendre sonner les cloches de cette belle église Saint Vincent de Paul, puisqu’après près de deux ans de silence, le moteur qui les active a enfin été réparé, grâce à Dieu….




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