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N°19 : LES CASTORS CONSTRUISENT À MORCENX

Dernière mise à jour : 17 sept. 2024


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LES MAISONS CASTOR, UN PROJET SOCIAL ET NON UN PROJET URBAIN


Comme un tiers de la population montoise, de nombreux Morcenais habitent encore aujourd’hui dans une maison castor. Ce terme est apparu en 1948 à Pessac où une première cité castor de maisons individuelles sort de terre. Il s’agit au départ de promouvoir l’auto-construction pour favoriser l’accession à la propriété. C’est un projet social et non un projet urbain. Il n’y a pas de composition, les maisons sont identiques, non mitoyennes. Elles ne s’implantent ni à l’alignement de la rue, ni à la limite séparative. C’est un principe de lotissement. Le concept se diffuse rapidement sur tout le territoire national.

En 1953, pour tenter de venir en aide aux familles les plus modestes, incapables de se loger dans le centre-ville, pour faire face à une croissance démographique due notamment au développement de la base aérienne, Charles Lamarque-Cando, député de la circonscription comprenant notamment Morcenx et futur Maire de Mont-de-Marsan pense alors à construire des maisons en périphérie sur des terrains disponibles (anciens champs abandonnés, anciennes parcelles de forêts non reboisées). Pour réduire le coût, les maisons sont construites par gros lots et avec les mêmes constructeurs. Loin des logements collectifs peu attrayants pour cette population habituée à vivre dans des communes rurales, la maison individuelle séduit immédiatement. Elles sont alors construites en nombre, toutes sur le modèle des vieilles maisons landaises. Elles verront le jour dans d'autres communes des Landes, comme à Morcenx, Mimizan, ou encore Sabres.

La coopérative des castors landais connait un essor exceptionnel. Le 1er mai 1957, la cité des castors est inaugurée à Morcenx par M. Pic, secrétaire d’Etat à l’intérieur accompagné du Préfet. En 1965, le Maire de Morcenx Léon Brouste poursuit le projet de construction de maisons castor pour les ouvriers. Le chantier de 107 maisons castors individuelles débute à la cité des Cigales. Une rue est même baptisée rue des Castors à Morcenx.

Dans le même temps, l’exploitation de la mine de lignite d’Hostens (33) s’épuise et conduit EDF à fermer sa centrale électrique fin 1964 . Les ouvriers d’Hostens déménagent et arrivent donc sur Morcenx et Arjuzanx pour y travailler et être employés à la centrale EDF. C’est ainsi qu’en 1968 la population de Morcenx est portée à 5305 habitants grâce notamment à cet apport de population nouvelle venant d’Hostens.

La construction des maisons castors est donc particulièrement bienvenue car elle permet aux ouvriers de la centrale EDF d’accéder à la propriété individuelle pour la première fois. Et pour une fois l’emploi et l’habitat se rencontrent au même endroit.

Toutefois, trente ans après, la mine de lignite d’Arjuzanx s’épuisant à son tour, le 12 janvier 1995 les deux dernières tours de refroidissement de la centrale thermique sont abattues. Alors commence une inexorable perte de population pour les communes de Morcenx et d’Arjuzanx.

Le modèle de l’habitat individuel est remis en question notamment par la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) de 2010 qui vise à densifier de manière raisonnée les espaces déjà urbanisés afin d’éviter l’étalement urbain. Du coup, qu’en est-il du modèle des maisons castors des années 1960?


MAIS UNE MENACE PLANE SUR LA COOPERATIVE DES CASTORS LANDAIS


Après avoir permis à des milliers de familles landaises de se loger, la coopérative des castors Landais redoute de devoir mettre la clef sous la porte d’ici un an ou deux. En effet, sont en cause l’augmentation importante des coûts des matériaux de construction, la politique du gouvernement qui refuse l’artificialisation des sols, et au final le fait de ne plus pouvoir proposer des maisons à un prix abordable.

Si autrefois l’Etat soutenait le BTP, et plus largement les promoteurs immobiliers, force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le marché immobilier se délite, et les notaires le constatent. Les besoins en logements sociaux et intermédiaire existent, et malgré la loi SRU de 2000 qui impose aux municipalités de créer 25% de logements sociaux , ceux-ci ne sont pas pourvus à l’échelle nationale. La coopérative des castors landais subit comme tous les promoteurs immobiliers l’impact des marchés financiers.

Y aura-t-il dans les Landes des élus pour sauver notre modèle d’habitat, et redéfinir une politique du logement adaptée aux nouveaux enjeux de notre territoire ?

C’est ce que l’on aimerait savoir !

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