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N°17 : HENRI SCOGNAMIGLIO OU L'HISTOIRE D'UN DESTIN BRISÉ

Dernière mise à jour : 17 sept. 2024


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Luc Scognamiglio s’installe face à nous, tenant précieusement entre ses mains le manuscrit inachevé de son frère André qui retrace en toute transparence ses souvenirs d’enfance : « je vous confie ce témoignage précieux pour découvrir notre saga familiale. Véritable travail d’ introspection, ce texte inédit offre un éclairage nouveau sur l’action publique de notre père Henri ».

En effet, quel personnage ce SCOGNA…, fils spirituel de Léon Brouste qui s’émancipe à partir du congrès d’Epinay en 1971 avec la particularité de vouloir engager l’union de la gauche avec les communistes…lèse de haute trahison selon Brouste, pure produit de la ligne orthodoxe. Henri Scognamiglio est alors 2ème adjoint. En août 1973, la scission avec le Maire se précise et s’accentue tout au long du mandat. En mars 1977, Brouste renonce à briguer un 8ème mandat, Scogna et l’ensemble des frondeurs qui l’on accompagnés remportent l’élection municipale dès le premier tour. En fin d’année, le nouveau maire, après une campagne particulièrement difficile, devient suppléant de député dans le cadre des élections législatives en battant un certain et jeune Alain Juppé. En 1979, il deviendra conseiller général (en remplacement de Brouste) et en octobre 1980 il sera élu président du conseil général).

Marc Taris (1er adjoint sous la mandature de Cros) consacre à Scogna un long chapitre dans son livre sur l’histoire politique locale : « Il ne voulait pas imposer ses idées, il préférait les faire partager, et celui qui cherchait à comprendre sa démarche et ce vocabulaire quelque peu rigide s’apercevait qu’il voulait en réalité bousculer certaines habitudes qui entravaient plus ou moins une démarche volontariste mais qu’il voulait surtout efficace et généreuse ».

La priorité de son mandat concernera l’emploi : dialogue avec les syndicats, recherche d’implantations industrielles nouvelles, lutte contre la fermeture de la Centrale…

Il sera également un défenseur du rapprochement avec la ville d’Hégenheim.

Retour sur quelques éléments d’une vie : Henri est né le 15 décembre 1928 à Bougie en Algérie. Jeune, il fréquente l’Ecole du dimanche du culte protestant. Il gardera de cette époque une grande rigueur intellectuelle et morale. Classé par ses proches comme idéaliste, assoiffé de justice, d’une honnêteté exemplaire et passionné par ses fonctions électives, c’est la maladie qui stoppera le personnage en pleine ascension et qui aurait tant aimé devenir sénateur.

La famille quitte l’Algérie en 1956 et se retrouve à Marseille où le père retrouve un cévenol protestant socialiste… un certain Gaston Defferre. Instituteur venu de petite Kabylie, Henri s’installe en Haute-Loire puis à Quincy. Nouvelle affectation pour diriger une école : Le Breuil. Henri y devient président du comité des fêtes. Septembre 1964 : déménagement pour Sindères. Henri dirige la classe unique mais aussi le secrétariat de mairie avant d’être élu municipal. En 1967, ne pouvant construire à Sindères et « sur l’insistance du Maire de Morcenx Léon Brouste, mon père installa sa famille à proximité de l’édile, dans la cité des cigales. la maison neuve nous offrit un confort inconnu jusque là… de grands événements se succédèrent dans cet endroit qui eut, notamment, le privilège de recevoir le Chef de l’Etat ».

Luc fait sien en tout point le témoignage écrit de son frère André : « Son aura immense convainquait et séduisait les plus réticents. En politique particulièrement il en fit la démonstration, et prouva des qualités reconnues. Je prends aujourd’hui la mesure de cet homme trop tôt disparu. Confronté à des sentiments violents tels la jalousie, la haine, le racisme…, je crois qu’il fallait être d’une sacrée trempe d’homme pour surmonter une telle ignominie. Il le fit pourtant ce qui lui vaut le respect de tous et l’admiration de ses enfants. Vivre après lui fut difficile, en politique, certains s’attachèrent à faire disparaître son oeuvre et son nom sans le dire. Ils n’y réussirent pas car les gens honnêtes et sincères se souviennent de lui. Il fut un homme de l’ombre, travaillant sur le terrain, sacrifiant beaucoup y compris nous. Mais son idéal, cet idéal socialiste pour lequel il milita depuis 1947, date de son adhésion à la SFIO, imprégna tout son être, jusqu’à sa fin. Beaucoup reconnaissent avoir perdu énormément avec sa disparition. Souvent de petites gens reconnaissantes qui se souviennent d’un homme serviable et sincère, à l’écoute de tous, disponible avec rendez-vous et souvent sans, sensible au malheur et à la misère d’autrui, en accord avec lui-même… Son destin est en tout point remarquable. Proche des grands dirigeants socialistes, il fut reconnu comme un homme de valeur pour la cause, et honoré comme tel de la plus haute distinction : la Légion d’honneur avec comme parrain le Président de la République. Son intelligence vive, son charisme, la sincérité de son propos et sa justesse, firent de lui un avis recherché. Plusieurs fois il répondit à l’appel du Président qui souhaitait sa présence lors de rencontres internationales importantes. Son destin devait être national. Au cours d’un repas offert par mon père, étaient présents Monsieur et Madame Mitterand, Monsieur et Madame Hanin, autour d’un couscous, le Ministère de l’Education nationale fut proposé à mon père. Celui-ci déclina l’offre, je n’ai jamais trop su pourquoi ! Homme de terrain plutôt que de cabinet ?… ou peut-être trop d’humilité, ou encore la maladie qui se profilait ».

Luc se souvient : « Il était capable de tout faire et de tout réussir. Il évoquait l’éventualité de créer une compagnie de transports routiers, ses fils conduiraient les camions. C’est moi finalement qui poursuivra ce chemin ».

Henri Scognamiglio s’éteint le 1er août 1982, à l’âge de 54 ans. Il laisse une fratrie de 8 enfants.

Aujourd’hui le collège de Morcenx porte son nom.

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