N°16 : RECONVERSION D'UN SITE - DE LA DISTILLERIE AUX SPORTS
- La Nouvelle Morcenx
- 11 août 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024

A Morcenx, l’âge d’or du pin maritime va s’étendre des années 1900 jusqu’aux années 30, grâce notamment à la gare (qui emploie 300 cheminots). La ville compte alors plusieurs ateliers de produits résineux pour sécher la colophane et distiller la résine… A cette époque, c’est six wagons-citernes d’essence de térébenthine qui partent de la gare tous les jours sans compter les poteaux et bois usinés qui transitent par les rails.
La crise des années 30… Pour enrayer la précarité et le chômage qui touche les gemmeurs avec notamment la fermeture progressive des scieries, la municipalité de Léon Brouste décide (en 1937-1938) la construction d’une Distillerie Nationale, rattachée au service des poudres de l'armée. Edouard Daladier, ministre de la Défense nationale est venu à Morcenx pour annoncer cette création. Le procédé inventé par Fouque consistait à extraire de l’alcool de bois de la sciure, lequel alcool servait à son tour à la fabrication d'explosifs. Cet alcool était exporté sur la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles. Construite sur des terrains expropriés à l’usine Saint-Jours, la distillerie employait plus de trois cents ouvriers.
En juin 1942, l’ingénieur en chef des Mines de Bordeaux évoque dans un courrier la nécessité d’un approvisionnement en lignite pour redémarrer l’usine. L’idée fera son chemin !
Transformée en usine de production de nitroglycérine par les Allemands pendant l’Occupation (des jeunes morcenais y furent employés pour éviter le S.T.O en Allemagne).
Sa requalification après-guerre pose problème. En 1945, la production s’interrompt suite à la réduction des crédits affectés.
En juin 1946, on envisage de lui donner une seconde vie dans le cadre des travaux menés sur la fabrication d’antibiotiques. Une loi permet de créer à partir de 4 usines d’Etat une société française de produits biochimiques. Le scientifique François Jacob, qui a la responsabilité scientifique du site de Morcenx, rapporte ces faits dans ses mémoires : « L’idée était simple. Elle procédait d’un syllogisme : les Anglo-Saxons produisaient leur pénicilline dans de grandes cuves à fermentation or il existait de grandes cuves dans certaines poudreries ; donc on pouvait, on devait même y faire de la pénicilline. L’ennui, c’est que l’idée n’était pas réalisable, il fallait à peu près dix minutes pour s’en apercevoir » : les cuves du site de Morcenx n’étant pas en acier inoxydable ne pouvaient être stérilisées et, conclut François Jacob : « pas un gramme de pénicilline ne fut cultivé à Morcenx ». Les essais de production de tyrothricine échouent vraisemblablement pour les mêmes raisons. On prétend aussi qu’un groupe détenteur de l’exclusivité de la vente de pénicilline en France s’opposa au projet.
On tenta ensuite en vain de fabriquer des panneaux de particules de bois sur le site.
Dès 1948 la fermeture est envisagée. Les élus se mobilisent mais la distillerie est abandonnée au milieu des années 50.
Le 27 avril 1964, la municipalité achète l’ensemble des installations et envisage la construction d’un collège. Les finances ne suivront pas, la réhabilitation du site étant plus onéreuse qu’une construction nouvelle. Des privés font des offres d’achat : les établissement Saint-Jours puis les établissements Daudigeos Frères. Les élus refusent de vendre les ruines industrielles et maintiennent le projet d’y installer un établissement scolaire.
Aujourd’hui, il est bien difficile de reconnaître dans le plateau sportif « de la Distillerie », une friche industrielle de l’après-guerre.




Commentaires