C'EST LA FIN DE L'AVENTURE
- La Nouvelle Morcenx
- 15 oct. 2024
- 3 min de lecture

Ce n’est jamais une bonne nouvelle d’apprendre la fermeture d’un commerce du centre-ville de Morcenx. D’autant plus lorsque ce commerce constitue un élément essentiel de l’attractivité locale puisqu’il s’agit d’un restaurant. L’Aventure avait ouvert il y a tout juste seize mois face à la gare après une rénovation complète de la salle et des chambres, après que Kevin ait apporté sa jeunesse et son dynamisme pour créer une ambiance et des plats appréciés par un grand nombre de morcenais. C’est par un message laconique sur les réseaux sociaux que le gérant a annoncé l’arrêt définitif de son activité, le jour même où « la comète du siècle » fit une apparition prémonitoire dans le ciel. Dès la nouvelle diffusée, les internautes ont manifesté leur solidarité. Simples particuliers, clients fidèles et commerçants de la commune ont réagi fermement. C’est un réconfort pour le restaurateur mais qui ne changera rien à sa situation personnelle. Quelques-uns tentent de comprendre. Pour Edwige les commerces à Morcenx sont victimes de plusieurs facteurs : « trop de charges, de concurrence, pas assez de clientèle ». Eric estime que la politique « de la ville ne s'occupe pas de faire venir de nouvelles entreprises, des usines » qui seraient pourtant créatrices d’emploi et donc de débouchés pour les commerces locaux. Vinca s’interroge : « c'est une ville qui aurait du potentiel, l'autoroute à proximité, le train, un environnement encore très préservé et resté authentique, etc… Il manque un bon bassin d’emplois, une volonté politique, sûrement ! »…
Nous avons interviewé Kevin sur la fermeture de son établissement.
LNM : Vous venez d’annoncer la fermeture de votre établissement. Pouvez-vous nous en donner les raisons principales ?
« C’est une accumulation de difficultés qui m’obligent à prendre cette décision douloureuse : un loyer trop élevé, la hausse du coût de l’électricité, l’arrivée de nouvelles taxes, l’impossibilité d’embaucher de façon pérenne et donc d'accroître l’activité. Je suis seul aux commandes et effectue entre 60 et 80 heures par semaine. Avec deux mois seulement d’activité rentable en juillet et août, ce n’est pas possible de tenir. Je suis aujourd’hui sans trésorerie et donc étranglé ».
LNM : Dans un contexte national où de nombreux restaurants ferment, vous faites face aussi à une conjoncture locale défavorable ?
« En un peu plus d’un an, la commune a financé l’ouverture de deux restaurants dont un qui fait aussi des chambres d’hôtes comme nous. La différence ? L’établissement subventionné fait la chambre à un prix plus avantageux alors que le prix plancher de rentabilité pour une chambre dans un établissement privé est de 80 euros. C’est de la concurrence déloyale. Par ailleurs, quand ces exploitants rencontrent un problème, les bâtiments étant la propriété de la commune, la mairie se doit d'envoyer les services municipaux aux frais des contribuables. Dans une entreprise privée, c’est à nos frais. Ensuite, le tissu associatif très actif sur Morcenx propose des prestations de restauration toute l’année à des prix défiant toute concurrence. Pour un professionnel de la restauration, les lois et réglementations sont très strictes et contraignantes... Exemple, lorsque l'on souhaite installer une remorque braséro devant son établissement pour les fêtes locales au mois de juin, il faut faire une tonne de paperasse et demander aux services d'incendie et de secours ( bien en mal de personnel sur notre commune, à 3 reprises en une année et demi, j'ai dû attendre l'arrivée des sapeurs pompiers de Rion des Landes pour des clients dans mon établissement en besoin de secours d'urgence) d'être en mesure de se rendre disponibles pour sécuriser mon braséro... Quand par ailleurs une quelconque association veut faire sa cuisine au feu de bois en pleine ville à même le sol, aucun problème…"
LNM : Vous estimez que le tourisme sur Morcenx est également à l’arrêt ?
« Nous hébergeons surtout des gens de passage qui veulent un lieu où dormir à proximité de la sortie d’autoroute, mais le tourisme à Morcenx c’est équivalent à zéro. A l’exception du Lac, il n’y a aucune activité proposée favorisant le développement touristique… La politique touristique est à réinventer »
LNM : Vous avez reçu des soutiens sur les réseaux sociaux, n’est-ce pas réconfortant quand on traverse une épreuve comme la vôtre ?
« Vous savez, j’en ai pleuré ! C’est difficile de faire un constat d’échec surtout lorsqu’on aime son métier et que les clients qui passent dans votre établissement n'ont rien à redire sur un quelconque sujet... J’ai voulu apporter ma pierre à l'édifice, redynamiser cette belle commune en ayant toujours plus de prestations à proposer à force d'écouter les attentes de nos concitoyens mais rien n'y a fait... Désormais je retourne à contre cœur vers le salariat ».




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