ARJUZANX : VASTE OPÉRATION IMMOBILIERE SOUS COUVERT D'ECO-TOURISME
- La Nouvelle Morcenx
- 9 juil. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024

Le 29 mars 2023, le syndicat mixte présidé par le Maire de Morcenx-la-Nouvelle a décidé de confier 9 hectares en bordure de Lac dont il est propriétaire aux porteurs du projet PALOMA qui souhaitent implanter plusieurs dizaines d’écolodges. Ce projet nécessite une modification du PLUi-H qui a été depuis engagée par la communauté de communes du Pays morcenais.
Dernièrement, à l’occasion d’un échange public, le Maire a précisé les contours de ce projet : 4 hectares seront finalement exploités (sur les 9 mis à disposition) pour y installer 60 chalets de type tchanqués (sur le modèle des maisons en bois sur échasse que l’on peut apercevoir sur le bassin d’Arcachon). A la question d’un afflux nouveau de population sur la plage du Lac déjà saturée en été, l’élu a précisé que le projet PALOMA prévoyait la création d’une piscine naturelle. Piscine naturelle et crème solaire…une cohabitation difficile !
Plus surprenante est l’annonce que 30 chalets (sur 60) seraient mis à la vente pour des propriétaires qui pourraient y résider à l’année ou les louer via le système de gestion proposé. Nous sommes loin du cahier des charges initial et on s’achemine même vers une véritable opération immobilière autour d’un centre de vacances.
Pas étonnant lorsque l’on sait que PALOMA est adossé au groupe BERNARDET, entrepreneur-constructeur de maisons clés en main. On peut faire confiance au porteur de projet pour optimiser les 4 hectares sur lesquels nous aurons 60 logements, la voirie d’accès, le parking voitures, la piscine, les bâtiments administratifs… L’expérience promise en éco-lodge dans une nature préservée va plutôt ressembler à un camping où la promiscuité est la règle générale… L’engagement du positionnement « Nature-éco tourisme » exigé dans le cahier des charges de la collectivité sera-t-il tenu ? En faisant une promesse, nous contractons une dette…
Pour comprendre à quoi ressemble un écolodge landais, nous vous invitons à visiter le site du Green Ressort à Ondres dont le slogan est : »la nature est un luxe, l’écotourisme notre passion ». Ce lieu a obtenu tous les labels possibles mais les hébergements ressemblent étrangement à ceux que l’on peut observer dans les campings traditionnels de la côte atlantique (voir photo).
Les associations de protection de la nature s’interrogent sur les mesures de compensation obligatoires qui doivent être engagées par la collectivité pour compenser les 4 hectares« dénaturés » par le projet d’aménagement. La collectivité a mandaté la sarl ETEN Environnement pour réaliser une étude 4 saisons comprenant un état des lieux, les types d’espaces à prévoir, la gestion des eaux pluviales du projet, une étude hydraulique… coût : 20.310 euros ttc. Cette étude complète celle réalisée par le même cabinet en 2015 qui avait classé l’espace sur lequel doivent s’implanter les chalets en « zone humide » et « habitats d’espèces protégés à très fort enjeu » (voir illustration). Il faut espérer que l’étude 2024 ne viendra pas contredire celle de 2015…
Enfin, le Maire a indiqué que le projet ferait appel aux acteurs locaux. S’il s’agit de créer des emplois pérennes sur le site, c’est plutôt une bonne nouvelle. En revanche, il serait surprenant que des entreprises locales soient partie prenante pour la création, l’installation et la maintenance des chalets…
Ce vaste projet immobilier qui accompagne l’agrandissement de l’aire de camping-car, l’agrandissement des parkings du lac, l’agrandissement des voies d’accès, la création du restaurant, ne va-t-il pas dénaturer définitivement la Réserve Nationale Naturelle (RNN) à vocation scientifique (crééé par décret du 2/09/22) en terrain de jeu pour tourisme de masse à l’heure où celui-ci est remis en question partout sur la planète ?
Quand les élus présenteront-ils enfin un plan d’ensemble d’aménagement du Lac d’Arjuzanx avec des stratégies politiques construites et partagées par tous les acteurs du territoire, comportant des objectifs clairs tant qualitatifs que quantitatifs, des propositions concrètes de projets et leurs zones d’implantations, leurs impacts sur l’environnement et en termes économiques… Sans oublier que la composante touristique n’est pas la seule qu’il faille considérée : quid de l’entretien et de l’aménagement des sentiers autour du lac, du jardin du miocène (que le syndicat a déjà du mal à gérer)…Encore une fois, pourquoi cette stratégie globale qui engage le territoire pour les années à venir n’est-elle pas mise au débat public ?




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