top of page

RETOUR SUR UN ENJEU SOCIÉTAL DISPARU : LA PISCINE DE MORCENX


ree



Le quadruple champion olympique Léon Marchand n’aura pas la chance de découvrir la piscine dite olympique de Morcenx comme son prédécesseur Jean Boiteux qui avait fait le déplacement avec toute l’équipe de France de natation à l’occasion de l’inauguration du complexe voulu par Léon Brouste.

En effet, le 26 juin 1968, plus de 1200 personnes étaient présentes pour découvrir la piscine et admirer les compétitions du jour. Retranscris dans le quotidien régional, le témoignage des Morcenais félicitait « le cadre admirable et une nouvelle ambiance d’évasion »… le journaliste finissant son article par ces quelques mots : « une journée exceptionnelle dont les Morcenais se souviendront et qui fera date dans l’histoire locale ».

A la fin des années 2000, le Maire décide la fermeture définitive de l’infrastructure en raison d’une rénovation trop lourde pour les finances publiques. Mais, c’est le maire actuel qui décidera de la destruction du bâtiment pour un montant de 426.000 euros, renonçant à chercher une solution pour la rénovation du bassin et des vestiaires dont la présence d’amiante rendait l’exploitation difficile. En échange, le maire a fait miroité la création d’un bassin de natation dans le lac d’Arjuzanx pour un budget de 150.000 euros. L’idée sera vite abandonnée.

Le 27 août 2022, un dernier rendez-vous est donné à la population sur les gradins mythiques de la piscine pour une photo souvenir. 80 personnes participeront avec beaucoup de nostalgie mais aussi d’incompréhension sur la décision de renoncer à valoriser ce patrimoine commun.

Comme nous l’indiquions déjà en 2023, pourquoi détruire ce symbole du sport local ? Ce lieu de socialisation et d’échange intergénérationnel ? Pour les élus, la mise aux normes de la chaufferie (entre autre) et le désamiantage aurait coûté 3 millions d’euros. Un budget sans commune mesure avec les coûts constatés partout en France d’après l’Agence Nationale du Sport : 90% des piscines construites dans les années 60/70 ont réussi à être rénovées pour moins de 900.000 euros dans le cadre du contrat de plan Etat/Région. Il y avait donc un scénario envisageable pour relancer cet équipement plutôt que de le détruire. Ce choix précipité signe l’impossibilité financière de la reconstruction. En effet, construire une piscine neuve aujourd’hui avec un bassin de 25 x 10 mètres de long nécessiterait un investissement d’environ 4 millions d’euros.

Pour information, la rénovation ou la construction d’un tel équipement peut être prise en charge à 60% par l’Agence Nationale du Sport, la dotation de soutien à l’investissement local et un prêt à taux 0% peut être obtenu grâce au concours de la Banque des Territoires. Dans le cadre du « Plan génération 2024 », une enveloppe de 300 millions d’euros sur 3 ans était prévu pour financer jusqu’à 80% la rénovation de 500 piscines… à quelques mois près, celle de Morcenx aurait pu en bénéficier.

Dans le cadre de l’intercommunalité, les 6 collectivités du Pays morcenais qui représentent un bassin de vie de 9.370 habitants (INSEE 2020), pouvait se doter d’un tel équipement et en supporter la charge d’exploitation. Il suffisait de déclarer ce projet d’intérêt communautaire et de l’ajouter, au même titre que la médiathèque, à la liste des équipements culturels, sportifs ou d’enseignements (voir les statuts de 2016). Dans un rapport publié en février 2018, « la Cour des comptes considère que l'échelon intercommunal est le plus à-même d'assurer une gestion efficace des équipements aquatiques, en permettant de coordonner l'offre d'équipements au sein d'un périmètre plus pertinent et en assurant une meilleure programmation des équipements sur leur territoire, en corrélation avec le bassin de vie des usagers ».


Ce projet méritait autant d’être soutenu que celui de construire un nouveau gymnase, une maison de l’enfance ou un restaurant… Les parents d’élèves ne seraient pas à réclamer pour leur progéniture l’application du programme scolaire concernant les cours de natation obligatoire.


Dans le même temps, la municipalité confirme (délibération du 18/07/2024) le coût de la création sur le site de l’ancienne piscine municipale d’une Maison des Aides Maternelles (MAM) pour un montant de 456.635,14 euros ht et d’une micro-crèche pour 12 enfants pour une valeur estimée de 653.701,02 euros ht. Ce projet, à l’initiative et porté en réalité par l’ancienne municipalité, avait déjà obtenu des subventions dès novembre 2020.


La presse locale nous informe pour sa part qu’en complément de la mini-crèche doit s’édifier également sur le lieu de la piscine un ensemble de bâtiments dédiés à la petite enfance, soit 17 logements dont 5 pour de jeunes autistes. Il est pour le moins étonnant que les documents présentés en conseil municipal n’en fasse jamais mention.


Dans le même temps, diverses personnalités de l’Etat, du Département, de la Communauté de Communes, de la Mairie et du PS étaient présentes le week-end des 5 et 6 octobre 2024 pour une inauguration des trois sites du complexe sportif, de la résidence séniors à la maison Saint-Jours, et de la mini-crèche, dont il n’a pas été fait de bruit mais où les invités présents ont pu se réjouir d’avoir détruit une bonne partie de la mémoire morcenaise.

A Morcenx-la-nouvelle tout se déroule en catimini, et seuls quelques adhérents socialistes ou initiés aux secrets de la municipalité ont eu le droit d’être tenus informés de ces festivités ouvertes à certains mais pas à d’autres. Les Morcenais sont pourtant désormais endettés pour 40 ans, et ce sont eux qui payent les petit-fours ! Peut-être aurait-il été judicieux de les inviter au festin ! Chacun appréciera à quoi servent nos impôts.

Commentaires


bottom of page