LE PROJET FANTOME DE RESIDENCE AUTONOMIE POUR LES SÉNIORS
- La Nouvelle Morcenx
- 23 août 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 sept. 2024

Le projet de résidence autonomie pour les séniors a fait l’objet d’une double page centrale dans le MAGS de février 2022. On y découvrait les grandes lignes de la future résidence autonomie de 20 logements à construire sur le terrain de la Maison Saint-Jours. Le photo-montage proposé laissait augurer d’un vaste chantier au coeur de la ville. Un calendrier était annoncé : un permis de construire déposé le 23/12/2021 et un début des travaux fin 2022.
En fait, la commune a cédé ce terrain et la bâtisse par délibération le 21/10/2021 à la société HLM ENEAL pour une somme de 115.000 euros, sur évaluation du service des Domaines. La commune précisait à l’époque qu’il y avait urgence à réaliser le processus de cession du foncier pour permettre à l’acquéreur d’obtenir le conventionnement de la future résidence médico-sociale.
UNE URGENCE VRAIMENT ?
Pourtant ce conventionnement pour une durée de 15 ans avait déjà fait l’objet d’un accord le 9/06/21 par le Comité de sélection d’appel à projets départemental, puis par une délibération du Conseil Départemental le 23/07/21, et même d’un arrêté du Président du Département le 29/07/21. En outre, en date du 15/12/2022, le Conseil municipal avait décidé de reporter à la date du 30 juin 2023 la signature de l’acte authentique de vente. Et le 13/07/2023, le Conseil Municipal actait un nouveau report au 30/06/2024 afin de permette à ENEAL de finaliser « diverses études ».
Dans la réalité, tous ces documents administratifs font état d’un seul porteur de projet pour la « Maison Saint-Jours », à savoir le Centre Intercommunal d’Action Sociale du Pays Morcenais (CIAS). On peut donc se demander à quel moment se situait l’urgence, voire la nécessité de céder le terrain - pour ne pas dire de brader un ensemble immobilier pourtant d’une importance patrimoniale indéniable pour la commune - et surtout comment s’articule désormais les relations entre le CIAS et la société HLM.
Où était la dite « urgence » ? Surtout qu’à ce jour rien ne dit que la vente ait été finalisée, si ce n’est l’absence d’une nouvelle délibération allant dans ce sens… jamais deux sans trois !
ET DANS LES FAITS ?
La société ENEAL, que les élus présentent comme le porteur du projet, a obtenu un permis de construire le 27/04/2022 à partir du projet élaboré par le cabinet d’architecture Bellock de Dax.
Pendant un an, rien ne s’est passé. ENEAL a obtenu un second permis de construire en date du 12/06/2023, alors que le premier était valable 3 ans. En septembre 2023, le bailleur lançait un appel d’offres pour l’attribution de 16 lots de travaux avec une réponse attendue des entreprises au plus tard le 12/10/2023.
A ce stade, l’évaluation administrative des travaux était fixée à 2.806.293 euros hors taxes.
Depuis… plus rien ! Non seulement les lots ne sont pas attribués mais le bailleur ENEAL, pourtant friand de valoriser les projets qu’il pilote, ne mentionne jamais Morcenx sur son site internet. De plus, dans son rapport d’activité 2023 qui se veut exhaustif, il cite tous les projets en cours dont l’opération neuve d’une résidence autonomie à Biscarosse pour 56 places, mais toujours pas le projet morcenais. Pourquoi une telle discrétion ?
On peut donc à juste titre s’interroger sur les raisons qui empêchent cette initiative de voir le jour.
S’il est incontestable que l’implantation d’une résidence autonomie à Morcenx est un beau projet complémentaire avec les institutions déjà présentes sur le territoire, et qu’elle s’inscrit pleinement dans le projet médico-social du département de créer 300 places en résidences autonomies pour personnes âgées, plusieurs éléments sont à prendre en considération.
Tout d’abord l’emplacement. La proposition architecturale ne fait pas l’unanimité des Morcenais qui auraient souhaité une autre destination pour la célèbre maison Saint-Jours, qui aurait mérité d’être valorisée, voire classée. Mais la population n’a pas été consultée sur le devenir de cette propriété. Maintenant, il est difficile de revenir en arrière puisque la propriété a ou aurait été vendue.
Ensuite, le budget. Quand on sait que l’estimation administrative est une notion particulièrement variable et toujours très inférieure à la réalité, on peut craindre une flambée du coût total. Rappelez-vous que la construction du restaurant d’Arjuzanx était annoncée à 600 voire 700.000 euros, pour finalement coûter la modique somme de 1,6 million d‘euros. Si l’on prend le même coefficient multiplicateur, la résidence pourrait ainsi coûter plus de 6 millions d’euros… un budget intenable pour des logements qui doivent être financés par des prêts à vocation sociale. La municipalité n’a plus son mot à dire sur l’investissement mais le projet de résidence piloté par le CIAS pourrait se transformer en véritable casse-tête en termes de gestion.
Le CIAS du Pays Morcenais a été créé le 1er janvier 2004. C’est un établissement public géré par un Conseil d‘Administration dans lequel siègent nos élus locaux. Il n’est pas inutile de préciser à ce stade que le Maire de Morcenx est également 3ème vice-président du Département en charge de la délégation « Autonomie : Personnes âgées ». L’édile de la commune est donc pleinement responsable, du début à la fin, tant du projet de vente de la propriété St-Jours pour une bouchée de pain à ENEAL, que de l’imbroglio administratif relaté ci-dessus.
Sachant que certains anciens sont déjà partis vers d’autres résidences séniors, notamment sur celle de St-Paul-les-Dax, on peut donc légitimement se poser la question de savoir si les élus du Conseil municipal de Morcenx - qui ont tous voté unanimement pour ce projet figé depuis trois ans dans les cartons - ont eu raison de faire ce choix.




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