N°81 : LES ÊTRES SURNATURELS LANDAIS
- La Nouvelle Morcenx
- 2 nov.
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Selon la tradition, la nuit du 31 octobre appartient aux morts, qui se déguisent en monstres pour visiter les vivants. Aujourd’hui, la fête d’Halloween est très populaire dans les pays anglo-saxons, aux USA, et en France également où elle a été importée.
Mais, si les chrétiens fêtent également leurs morts le 1er novembre, et vénèrent tous les saints par la fête de la Toussaint, en se rendant notamment sur les tombes de leurs parents pour les fleurir, il suffit juste de tourner un peu la tête vers les traditions d’autrefois pour se souvenir du magnétisme prodigué par les contes landais qui n’étaient pas en reste d’histoires mystiques et sensationnelles, évoquant des êtres ou des phénomènes surnaturels .
Il en est ainsi du diable.
Des gens économes parvenaient-ils à jouir d’une certaine aisance, l’origine de leur fortune était attribuée à un pacte conclu avec le diable. On racontait qu’après la mort de ces personnes la bière était vide au moment de l’enterrement, le cadavre ayant disparu emporté par le diable. Parfois, le soir pendant les veillées, les portes n’étant pas closes, un chien noir, de grande taille, pénétrait dans la cuisine et venait se chauffer dans l’âtre. Voulait-on chasser ce chien, en le frappant d’un bâton, on ne rencontrait que le vide, c’était le diable.
Il en est ainsi des feux follets.
Les pays étant primitivement très marécageux, les feux-follets y étaient abondants. Ils se trouvaient attirés par les cornes des boeufs, et inspiraient une terreur superstitieuse aux bouviers qui croyaient leurs animaux possédés du diable. Les feux follets étaient considérés comme des sorciers. On prétendait qu’ils attiraient vers eux les imprudents qui s’en approchaient à certaines heures.
Il en est ainsi des voix mystérieuses.
Un enfant jouant sur le bord de l’Adour entend une voix qui sort de l’eau. Il s’approche de la rivière et est sur le point de se noyer, quand passe un prêtre qui le sauve. On découvre alors que l’enfant n’a pas été baptisé !
Il en est ainsi des revenants.
On prétendait que les membres décédés de la famille revenaient. Ils signalaient leur présence dans la maison par certains bruits insolites. Tout bruit, parfois d’origine très simple, mais dont on n’expliquait pas la cause était attribué aux revenants. C’était quelque membre défunt de la famille qui venait réclamer des messes pour le repos de son âme.
Il en est ainsi des apparitions nocturnes.
Durant la guerre hispano-américaine les vieillards de Rion-des-Landes, les femmes surtout, prétendaient voir dans le ciel des chars enflammés. Certaines personnes, même de très bonne foi, croyaient entendre dans l’air des bruits insolites qui provoquaient l’aboiement des chiens. Elles les attribuaient au passage du cortège de chasse du roi Artus. Ce roi, condamné à chasser éternellement, ne réussissait à capturer tous les cent ans qu’une de ces éphémères qui à certaines époques de l’année volent par troupes innombrables. Artus partageait alors cette capture avec ses chiens. De là le dicton « Qui donc t’a donné ce chien, est-ce le roi Artus » qu’un chasseur rencontrant un autre, disait à ce dernier si celui-ci était accompagné d’un chien très maigre.
Il en est ainsi de la came cruse.
Dans la région d’Aire-sur-Adour, les enfants rentraient à la maison quand venait l’obscurité du soir, par crainte de la came cruse ou jambe crue, qui les dévoreraient s’ils s’aventuraient dans l’ombre de la nuit.
Il en est ainsi des houiels ou houlet.
Ce sont des êtres qui ont, à volonté, le don de grandir jusqu’au ciel ou de se rapetisser jusqu’à terre. Il n’était pas rare, prétendait-on, d’en rencontrer dans les lieux déserts. Le houlet tresse, avec une habileté remarquable, la crinière des chevaux pendant la nuit. Cette tresse inextricable, et qui se dénoue d’elle même, est considérée comme un présage de bonheur. C’est, en outre, un signe de santé pour les animaux.
Il est est ainsi du « tac ».
Le « tac » est un esprit taquin qui a pour spécialité d’immobiliser les gens. Il imite le bruit des travailleurs, et particulièrement le sifflement du hapchot, sorte de hache employée autrefois pour « gemmer » les pins, c’est-à-dire pour en exploiter la résine en pratiquant des incisions sur les troncs. Du temps où l’on se servait de la Ilanque, cette hache à bec non-recourbé produisait un sifflement strident et spécial, qui s’entendait facilement à plus d’un kilomètre. Le « tac » se plaisait, durant la nuit, à imiter ce sifflement qui glaçait d’effroi les passants attardés. On rencontrait le « tac » après le coucher du soleil. Le passant, immobilisé par l’esprit taquin, restait sur place jusqu’au lever du soleil. D’une manière générale, le « tac » se rencontrait ordinairement dans le voisinage immédiat des mares ou des ruisseaux. Il attirait les passants au bord de ces derniers, et s’y jetait avec un ricanement. Il ne faisait pas de bruit à proprement parler, mais laissait entendre un chant qui attirait le passant de loin, et vers lequel ce dernier se dirigeait. C’était un esprit plus malicieux que dangereux. Il prenait plaisir à égarer complètement les gens attardés, et qui éprouvaient des difficultés à trouver leur chemin. Le « tac » n’avait pas de forme définie. C’était, en général, un animal qu’on ne voyait pas dans la nuit. On l’entendait seulement marcher, ou bien on percevait le bruit qu’il faisait en sautant dans l’eau.
Extrait de l’Almanach 2013 du Landais et de l’article de J.P HIPPGEN sur « les êtres surnaturels ».




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