N°67 : L'AIRIAL UN ILÔT DE VIE
- La Nouvelle Morcenx
- 27 juil.
- 3 min de lecture

Si on demande au Landais de définir l’identité géographique du territoire actuel et plus précisément dans sa dimension rurale, il va évoquer invariablement les kilomètres carrés d’emprise de la forêt de pins mais n’oubliera pas de citer aussi l’airial dont la naissance remonte au Moyen-Age et qui constitue une spécificité locale.
Le terme « airial » est un dérivé du latin « area » qui désigne une surface, un sol uni ou même un emplacement pour bâtir. En gascon, il se rapproche des termes « airiau » ou « ayrial ». On peut lire des spécialistes de la question sur le site FranceSudOuest que « l’airial landais apparaît comme une oasis au cœur d’un environnement de prime abord hostile. Ainsi, avant la vaste campagne de plantations de pins initiée au XIXe siècle (notamment par l’ingénieur Jules Hilaire Chambrelent), l’airial accueille quelques fermes, situées à proximité l’une de l’autre et entourées par la lande marécageuse. L’activité y est essentiellement agropastorale. C’est un lieu de (sur)vie, souvent boisé, agrémenté de quelques champs cultivés permettant aux communautés de se nourrir. Du fait de la pauvreté du sol, l’activité est essentiellement tournée vers l’élevage de moutons… De fait, l’airial s’adapte. L’espace boisé disparaît au profit d’une clairière recouverte d’une pelouse impeccable, où subsistent des chênes pédonculés et tauzins. Les quelques maisons d’habitation s’entourent de dépendances, de bâtiments à vocations diverses et de potagers ». L’Atlas des paysages des Landes précise : « Du temps de la lande dénudée, il pouvait être perçu comme un oasis habité, ombragé et sur un sol drainé, au milieu de la lande marécageuse et désertique…Autant que le bâti en lui-même, c’est le végétal qui caractérise l’airial : la pelouse est son espace et le chêne son symbole… Arbre-sacré, souvent centenaire, il incarne puissance, sagesse et éternité. Il protège l’airial des intempéries et de l’ardeur du soleil, fournit du bois de chauffe et de construction et nourrit les porcs de ses glands. Il est souvent accompagné de châtaigniers ou d’un pin parasol ou " pin franc " qui symbolise la liberté ».
Au fil du temps, face à l’émergence rapide de la forêt, les bergers se réorganisent et l’activité d’élevage laisse peu à peu place à l’exploitation du bois et au gemmage. L’airial se restructure avec une maison de maître au centre et des maisons périphériques pour les métayers. Des dépendances sont construites comme des bergeries, granges, poulailler et on y installe des puits, fours à pain, potagers pour construire les conditions d’une vie autarcique. L’airial devient un véritable « quartier » sans toutefois être assimilé à un hameau puisqu’il n’y a ni église ni commerce. L’esprit communautaire et l’entraide y sont fortement déployés.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les airiaux disparaissent progressivement mais le terme subsiste pour évoquer un « vaste terrain herbeux ombragé de chênes, sur lequel sont disposés les bâtiments des habitations rurales landaises » (Dictionnaire des régionalismes de France). Ces propriétés avaient la particularité de ne pas être clôturées, ce qui n’est plus souvent le cas. En effet, les airiaux, suite à leur restauration, changent souvent de destination et deviennent essentiellement des lieux de villégiature pour touristes à la recherche de calme. Par facilité, les dépendances sont souvent détruites, les chênes remplacés par des essences ornementales, une clôture est apposée…
L’airial est un concept à géométrie variable au fil du temps, mais s’ils subsistent encore c’est grâce à l’amour des gens pour cet environnement paisible, où croissent les hautes herbes qui nourrissent les chevreuils et aux glands des chênes réservés pour les sangliers voraces qui les visitent la nuit.




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