N°52 : LOUS CIGALOUNS : LE FOLKLORE AU COEUR DE MORCENX
- La Nouvelle Morcenx
- 13 avr.
- 4 min de lecture

Le groupe folklorique Lous Cigalouns de Mourseuns fêtera l’an prochain ses 80 ans. Le groupe a pris cette dénomination en 1946 mais existe sous une autre forme depuis 1941. A l’origine, pour venir en aide aux 114 prisonniers de guerre de Morcenx retenus dans les camps nazis, la municipalité décida d’organiser des manifestations pour recueillir des fonds. Ainsi, Léo Tual créa la Chorale mixte Saint Vincent de Paul, organisa des concerts et soirées théâtrales permettant d’envoyer des colis aux prisonniers en Allemagne. Après guerre, la Chorale composée de plus de 50 participants se transforme en groupe folklorique et poursuit son développement.
Sur scène, le groupe possède un riche répertoire proposant diverses danses de la Haute Lande dont certaines remontent à l’époque d’Henri IV. En premier lieu la danse mixte est composée de rondeaux ouverts et fermés : Roundeou d’Arjuzanx, Saut de Sacules, Miqueou, Chaîne Dénouée, Roundeou Barrat… mais aussi de danses corporatives telles la Matelote et le Cordon bleu (danses de pêcheurs), la Bigue-biguette (danse des meuniers) ou le Chibouli (danse des vendangeurs), ou encore de danses humoristiques (Yan Petit, Saut du lapin) ou sportives (Saut de l’escoube). Enfin, le clou du spectacle est incontestablement la danse sur échasses, comprenant différentes polkas (Polka piquée, Polka des bâtons, Polka Bébé), la traditionnelle Ronde des Echassiers ou encore la célèbre Gigue, exécutées exclusivement par les garçons.
Les costumes constituent également un élément primordial du spectacle. En voici une description à lire sur le site du groupe : «Les costumes portés par les filles et les garçons du groupe sont ceux des jours de fête, à la fin du XIXème siècle. Costume aux couleurs vives pour les filles, rappelant celles de la lande, comprenant une jupe longue et un caraco rayé assorti à la jupe. Celle-ci cache le jupon, blanc avec un ruban noir, et la culotte longue fendue (pichebiste). Le tablier, en satinette noire, protège le devant de la jupe. Un châle façon cachemire couvre les épaules et un foulard de tête, de même couleur que la jupe, recouvre le chignon, porté en arrière de la tête. Une cape en laine noire, à fines rayures verticales rouges, protège du froid humide et de la pluie d’hiver. Le costume masculin est plus sobre, comprenant un pantalon et une courte veste de couleur noire, seulement rehaussé par la large ceinture de flanelle bleue ou rouge. Le col de la chemise blanche est fermé par une cordelière terminée par deux pompons en laine, de couleur assortie à la ceinture. Les garçons revêtent la longue prisse (houppelande) en peau de mouton non tannée, pour chausser leurs échasses ou tchanques. Garçons et filles portent aux pieds des espadrilles blanches, maintenues aux chevilles par des lies en coton ».
Enfin, quelques mots sur les échasses : « En Gascon, l’échasse se dit tchanque, monter sur échasse, tchanca. La tchanque consiste essentiellement en une came (jambe) généralement en bois d’aulne. La came repose sur le sol par l’intermédiaire d’un espédic (patin). Sur la came, ordinairement à 1m de l’espédic, est fixé le pause-pé (repose-pied) appelé aussi about, en bois d’orme. La jambe de l’échassier est attachée à l’échasse par une courroie fixée au-dessous du genou : l’arroumère, et son pied est maintenu sur le pause-pé par une bride réglable. Si cette bride est en cuir, c’est l’anère, si elle consiste en un hart léger en bois de châtaigner, c’est la bénalh. L’origine des échassiers landais reste très mal connue. Si pour la majorité des gens, il est le symbole du berger gardant ses troupeaux dans l’immense plaine désertique, plusieurs corps de métiers utilisèrent les échasses comme moyen de locomotion, et les derniers échassiers furent en réalité les facteurs. Les échassiers landais connurent, au cours de l’Histoire, quelques éphémères moments de gloire. En 1745 passe à Captieux, dans les Landes Girondines, et venant d’Espagne, Marie-Thérèse, fille de Philippe V, roi d’Espagne, allant à Versailles épouser son cousin, Louis, Dauphin de France et fils de Louis XV. Trois cents bergers landais, précédés de cinquante échassiers, vont la saluer et lui faire escorte. En 1808, rejoignant Napoléon 1er qui guerroyait en Espagne, l’Impératrice Joséphine fut accompagnée jusqu’à Bayonne par une escorte d’échassiers. Le 23 août 1857 enfin, Napoléon III, qui venait visiter les sept mille hectares du Domaine Impérial qui deviendrait plus tard la commune de Solférino, défila entre deux haies d’échassiers venus accueillir en gare de Labouheyre le « régénérateur des Landes ». L’échassier le plus célèbre reste toutefois Sylvain Dornon (1857-1900) qui accomplit de nombreux exploits parmi lesquels l’ascension sur échasses de la Tour Eiffel (1889) et le raid Paris-Moscou à échasses (1891) ».
Aujourd’hui, force est de constater que les Cigalouns est non seulement une association particulièrement active mais surtout qui participe au rayonnement d’une culture. Elle a d’ailleurs obtenu un double agrément : celui du ministère de la Jeunesse et des sports puis celui du ministère de l’Education nationale comme association d’éducation populaire. Le groupe a participé à de nombreuses manifestations internationales et se déplace régulièrement en France et à l’étranger pour représenter les Landes. Les Cigalouns ont aussi remporté en 1964 et 1966, le Collier d’Argent aux Fêtes de la Vigne, le festival international de Dijon. Ils ont reçu, en 1979, le Prix Européen d’Art Populaire, décerné par la Fondation STIFTUNG FVS de Hambourg (Allemagne) et ont eu l’honneur de se produire devant la reine Elizabeth II d’Angleterre, lors des fêtes de son Jubilé d’Argent, en 1976 à Newcastle-upon-Tyne. L’association fait partie de la Confédération Nationale des Groupes Folkloriques Français.
En 2024 le groupe s’est particulièrement illustré au Mexique dans le cadre du festival international Zacatecas et plus proche à Hégenheim dans le cadre du jumelage entre les deux villes.
Enfin depuis 1979, les Cigalouns organisent, tous les deux ans un festival qui a déjà réunit plus de 60 groupes venus de 35 pays. Rendez-vous est donné du 18 au 20 juillet 2025 pour le 23ième Festidanses du monde à Morcenx-la-Nouvelle. A cette occasion vous pourrez découvrir des invités de marque : la Slovaquie, l’Irlande, les Antilles, Andorre.
Le groupe accueille en permanence de nouveaux amateurs (à partir de 7 ans) de danses traditionnelles landaises. Les répétitions du groupe se tiennent tous les samedis de 18h à 19h30 d’octobre à juin (salle Roger Labat - 9 avenue Foch).




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