N°3 : UNE CROIX REMARQUABLE QUI DÉFIE LE TEMPS À ARJUZANX

Ce matin nous vous emmenons découvrir un coin discret, situé derrière l’église Saint-Jean Baptiste d’Arjuzanx, à l’abri des regards. Là se trouve une œuvre originale, unique, voire exceptionnelle. Il s'agit d'une croix en pierre ou calvaire. Rien de plus inattendu en cette proximité immédiate d’un lieu sacralisé. Sauf que ce monument possède une histoire hors norme. Avant d’être déplacée à plusieurs reprises pour finalement se retrouver dans cet endroit confidentiel, la croix a séjourné dans le cimetière en contrebas de l'église d'Arjuzanx qui n’existe plus à cet endroit aujourd'hui.

Celle-ci est de style roman, possiblement même pré-roman. La croix en elle-même possède des branches de tailles égales. Ce qui n'est pas courant car elle diffère de la croix latine et ressemble plus à une croix grecque. Elle représente Marie et Jésus, chacun se faisant dos.

Des historiens locaux échafaudent plusieurs hypothèses de réalisation de ce calvaire :

La croix daterait de l'époque wisigothique (411-507) dans le Sud-Ouest (Aquitaine), lorsque la région était sous domination wisigothe et non plus romaine. Donc elle serait un assemblage, un syncrétisme, entre les croyances païennes romanisées et le christianisme (d'obédience arienne pour être exact, car les Wisigoths étaient "ariens", un courant de la chrétienté). Ceci expliquerait l’utilisation des « deux faces ».

Autre hypothèse, la croix daterait du moyen-âge (12ème ou 13ème siècle) ou même du début de la Renaissance (fin 15ème).

Dernière hypothèse : ce serait bien une croix wisigothe, retravaillée à la fin du moyen-âge pour la rendre plus "chrétienne".

Si l’origine Wisigothe se confirme, nous sommes en présence d’un rare témoignage de cette époque.

Malheureusement, les motifs se dégradent avec le temps. Ce trésor précieux d’Arjuzanx mériterait d’être protégé (dans l’entrée de l’église par exemple) mais à l’instar du Christ en croix situé non loin, le petit patrimoine religieux se détériore face à l’indifférence.

Tant qu’il est encore temps, venez découvrir « la croix », mentionnée comme remarquable par les archives diocésaines et dans la monographie paroissiale d'Arjuzanx (1888).